Comment avez-vous débuté en tant qu’éducatrice ?
À la suite d'un parcours scientifique, j’ai démarré ma vie professionnelle en travaillant dans un laboratoire. Ma culture familiale à la fibre associative assez engagée m’a poussée à un moment donné à en faire plus du point de vue professionnel et j’ai décidé de passer le concours d’éducateur.
Pouvez-vous nous raconter votre travail et ses évolutions ?
A l’heure actuelle, d’une manière générale en psychiatrie, nous avons mesuré à quel point la psychiatrie a évolué et devait répondre à des objectifs différents : nous sommes passés d’une logique asilaire où il fallait s’occuper des personnes un peu à la marge ou dites « incasables » à une logique beaucoup plus inclusive et moins stigmatisante. Notre rôle est de répondre aux demandes des usagers et de leurs proches qui veulent être inclus dans la société comme tout individu. L’essence du travail social est aujourd’hui d’accompagner ces personnes pour qu’elles trouvent leur place dans la société. Cela se traduit par la mise en place de démarches favorisant l’inclusion, une lutte contre la stigmatisation, la recherche du rétablissement. Le challenge est de rendre ces parcours-là possibles et ce rétablissement possible. C’est un champ assez large, et il est indispensable qu’il y ait des travailleurs sociaux dans ces équipes et dans toutes les équipes.
Je travaille à l’hôpital de jour depuis 2005, et j’ai mis beaucoup d’énergie pour comprendre toute la boîte à outils du rétablissement. Je pense aujourd’hui qu’elle pourrait se mettre en place de manière encore plus efficiente. Le rétablissement est un processus qui se fait par étapes : qualité de vie, vivre une vie épanouissante, productive, malgré les contraintes et les limites liées à la maladie, liberté d’agir des personnes dont on s’occupe… Les parcours doivent se repenser dans cette optique très concrète et fonctionnelle. A l’heure actuelle les travailleurs sociaux sont des créateurs d’environnement qui vont permettre de rendre ces processus-là possibles. Le focus n’était peut-être pas sur le rétablissement au départ mais aujourd’hui, avec l’évolution de la société, l’évolution des recherches et les demandes des personnes, cette notion est devenue centrale. C’est très perceptible dans le mouvement des associations d’usagers, des familles, et des grandes politiques de santé.
Nous avons à faire évoluer les pratiques, changer de postures, et les défis à surmonter sont nombreux : c’est tout l’enjeu du travail maintenant en santé mentale.